Personne n’a été surpris. C’était annoncé depuis longtemps. Pourtant, le 19 janvier au matin, l’absence des autocars d’Orléans Express dans de nombreux terminus du Québec a forcé plusieurs communautés à s’organiser et, surtout, à réfléchir à leur implication dans l’organisation du transport collectif. Après quelques semaines de ce nouveau régime, il est maintenant temps de se questionner sur l’occasion de prise en charge locale et régionale offerte par cet abandon de service.
Le nouveau point de convergence municipal
Orléans Express avait déclaré depuis plusieurs mois son intention de réduire ou même d’abandonner le service sur certains trajets régionaux. La Commission des Transports du Québec a accédé à la demande d’Orléans Express dans une décision rendue en octobre dernier. Suite à ce bouleversement, les regards des intervenants en transport se sont tournés spontanément vers les autorités organisatrices de transport (municipalités locales, MRC, organismes municipaux et intermunicipaux de transport) pour prendre la relève des transports collectifs régionaux.
L’appui du gouvernement provincial
La Loi sur les Transports (article 48.18) confère aux municipalités et aux MRC québécoises le pouvoir d’organiser du transport collectif sur leur territoire et, sous certaines conditions, sur un territoire voisin. Outre un pouvoir législatif, le gouvernement offre aussi aux municipalités locales et MRC un appui financier pour organiser le transport collectif, le Programme d’aide gouvernementale au transport collectif des personnes (PAGTCP) et le Programme d’aide au développement du transport collectif (PATC). Le PATC, qui a été modifié en 2015 pour tenir compte de la nouvelle réalité du transport interurbain, propose désormais de l’aide financière aux MRC ayant subi les conséquences d’une réduction ou d’un abandon de service afin de mettre en place des dessertes de transport collectif qui assureront un lien avec le réseau interurbain. Depuis quelques semaines, la succession d’annonces de financement (MRC de Maskinongé, Gaspésie, La Tuque) pour ce type de desserte par le ministère des Transports confirme cet intérêt du gouvernement provincial de voir les municipalités régionales prendre en charge le transport collectif.
Les préoccupations citoyennes
Le ministère des Transports n’est pas seul à avoir identifié les autorités organisatrices de transport (AOT) comme interlocutrices compétentes en matière de transport régional. Les citoyens ont aussi cogné à la porte des municipalités et des MRC, inquiets devant la réduction des services de transport par autocar et réclamant des réponses à leurs élus. Qui assurera leur transport vers les villes voisines ? Comment pourront-ils rejoindre les parcours interurbains toujours en place ? Qui s’occupera dorénavant du transport des colis ? L’offre en transport collectif régional allait soudainement disparaître et, pour répondre à la demande des citoyens, les AOT se sont mobilisées.
La participation des transporteurs privés
Toujours en vertu de la Loi sur les transports (article 48.19), les municipalités locales ou les MRC, qui veulent prendre en charge le transport collectif, ne peuvent produire elles-mêmes le service. Celles-ci devront donc être liées par contrat à des entreprises de transport locales qui auront, comme le ministère des Transports et les citoyens, à collaborer avec les AOT afin de mener à terme un projet cohérent de mobilité collective dans ce nouveau contexte.
De plus, la réingénierie du service d’Orléans Express ne dispense pas le transporteur privé d’entretenir de bonnes relations avec les autorités municipales organisatrices de transport. Celles-ci seront dorénavant responsables du rabattement de la clientèle régionale sur le réseau provincial d’autocars, un incitatif important à la collaboration entre AOT et transporteurs privés pour harmoniser les trajets, horaires et tarifs.
Défis et opportunités
Dans les jours qui ont suivi le 19 janvier, les AOT concernées par l’abandon de service d’Orléans Express, appuyées par le milieu du transport régional, ont signalé leur intérêt à prendre en charge la mobilité collective. Dans un prochain article, nous verrons quels sont les défis et les opportunités offerts par ce nouveau contexte, notamment en ce qui concerne les lieux de concertation et les échelles territoriales d’intervention.
Pour en savoir plus :
Guide La prise de décision en urbanisme : Transport collectif
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